J'ai envie...

Publié le par Martin Greere

       Hubert c'est un nom qu'on ne croise pas tous les jours, pourtant certains le porte, c'est d'ailleurs celui de ce gars accoudé au bar depuis midi, les jambes enlacées au tabouret, le bras collé par l'alcool séché du comptoir, les cheveux gras et sa petite sueur de front, ses yeux pourpres fixant son reflet dans le miroir.
Un levé de coude exemplaire, sans raz-de-marée, rassure sur son état, de même que la ligne droite qui le mène aux latrines. Seul à l'intérieur par cette splendide journée, je ne saurais dire qu'elle langue il parle, se réapprovisionnant d'une main en l'air d'un double Bacardi blanc sans glace, par moment on le voit marmonner avec le patron.

      Pour égayer quelques peu les lieux, Julie ou l'antithèse des chênes rabougris, son sourire Colgate blancheur + impressionne même les néons de la salle du fond, laquelle est plutôt réservée aux alcooliques honteux, fumeurs de shit, et amoureux du concept "clim-à-fond" façon chambre froide. J'ai toujours eu du mal à comprendre les femmes, et elle semble irréelle, peut-être que je ne la connait uniquement saoule, mais cette pièce du fond baignée par les relents des toilettes lui plaît. D'après elle seuls les vrais gens y séjournent, ceux avec des choses à raconter et une vision dramatique de la vie. Je ne doit pas être suffisamment vrai, les rares discutions que nous avons interviennent lorsque je m'assoit à sa table coincée dans un angle du bar en attendant devant les wc intitulés "Gentleman", paraît qu'il y en a eut ici.

     J'aime mieux l'extérieur, jouir du soleil et du vent même si le mistral glace quelques peu le sang, il nettoie la tête, les idées noires partent plus au sud, et on respire enfin autre chose que ce putain d'air vicié climatisé de mon open-space, le brouhaha des discutions téléphoniques des collègues laisse la place aux sifflements et cliquetis des mâts du port hors d'eau. On est moins seul, même sans parler, les gens autour rient, chantent, et parlent fort, comme Bouffe, je crois que c'est son surnom, l'homme spectacle permanent qui dessine les lieux avec ses bras, nous prend à partie et nous intègre aux histoires les plus folles, des courses poursuites, des filades, des promotions exceptionnelles au marché, et bien d'autres. Autant que je me souvienne, il ne s'est jamais assit, de longue à proposer des danses aux dames même en absence de musique.

       Aux tables sous les muriers platanes, après la sieste, arrivent René, Thérèse et Charles, qui cherchent depuis la mort de Marie, la femme de René, un quatrième pour taper le carton. C'est sympathique mais aucune discution n'est autorisée pendant les mènes des fois qu'on joue la parlante, et du haut de ses 75 ans René n'aime pas du tout les contre-appels et passes à l'as, ça enlève pas mal de piquant. Le coteau d'Aix finit, partie finit ou non, ils s'en vont faire une ballade dans le parc. Elles doivent être longues leurs journées à ces trois là, surtout l'été.

       Voilà, j'avais envie d'écrire.

Publié dans Flai

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A
Le 89, c'est l'Yonne
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M
<br /> Ah ouais un des départements qui existe pas!<br /> <br /> <br />
A
merci pour le conseil XD.Je me balladerais bien en slip au refectoire..Bonne idée !Bonne initative pour connaîtres des gens en masse.bonne initative aussi pour avoir un rapport dès le premier jour Mdr.A plush et merci !
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M
<br /> Un rapport, sont pas sympa dans ton école!<br /> <br /> <br />